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Le loukoum à la pistache : petit conte plein de sagesse

«Il y a bien longtemps, en orient,vivait un grand vizir. Celui-ci avait gagné la confiance du roi par ses précieux conseils, tant et si bien que les autres vizirs décidèrent de le calomnier.

Un jour, cet homme, le grand Vizir, se rendit au bain public. Au moment d’entrer dans l’eau, sa bague, un très précieux bijou, tomba. Au lieu de couler, comme cela aurait dû se produire normalement, celui-ci resta à la surface, elle flottait. Le vizir eut alors une révélation. Il courut chez lui et ordonna qu’on fit évacuer la maison et que chacun aille trouver refuge chez le roi voisin. Tout le monde se mit donc en route et le grand vizir resta seul à attendre. Une semaine, jour pour jour, après qu’il eut ordonné que tous ses proches quittent les lieux, les gardes du roi vinrent se saisir de lui et le jetèrent en prison. Le roi le considérait à présent comme un traitre et les calomnies des autres vizirs avaient fait leur effet.

Cependant, ce n’est pas ce qui semblait désespérer notre homme. Pour lui, le plus terrible était qu’une fois jeté en prison, une subite envie folle d’un loukoum à la pistache lui avait saisi l’esprit. Il tenta donc de convaincre son infâme geôlier de lui en faire parvenir un, mais celui-ci n’eut de cesse de refuser. Comme notre homme ne semblait pas vouloir s’en tenir là et après une bonne cinquantaine de tentatives auprès de son gardien de prison, celui-ci finit par être touché par son insistance et lui fit parvenir un loukoum. Malheur à lui, car à peine le loukoum fut-il introduit dans sa cellule qu’un immonde rat se prit les pattes dedans et tentant de s’en défaire finit par le rendre totalement immangeable.

Notre homme eut alors une seconde révélation. Il fit appeler l’un de ses serviteurs qui était resté pour garder sa maison et lui demanda de prévenir ses proches qu’ils pouvaient enfin rentrer. En effet, le lendemain même, il fut libéré par le roi en personne qui s’excusa de s’être ainsi laissé embobiner par les autres vizirs. Le grand vizir regagna alors les siens, qui l’attendaient avec une question à la bouche : « Mais comment as-tu su ? Celui-ci répondit simplement que lorsqu’il avait vu sa bague tomber dans l’eau et flotter à la surface au lieu de couler, il s’était aperçu qu’il ne pourrait avoir plus de chance que cela.  Et lorsqu’il avait vu son loukoum tant attendu rendu immangeable par un rat, il avait su qu’il ne pouvait avoir moins de chance que cela.»

Catherine Zarcate